Assia Guemra
Danse avec Noun
L’institut du Monde Arabe, fidèle à sa programmation envoutante, a accueilli sur la scène de l’auditorium Rafiq Hariri, la chorégraphe Assia Guemra et ses danseuses, le temps d’un spectacle, Noun la danse des éléments ou le voyage des oiseaux.
Attirées par la musique enchanteresse de la salle, nous sommes arrivées alors que les répétitions avaient déjà commencé. Moteur ça tourne. Derniers ajustements avant le grand soir, rien n’est laissé au hasard. Du son à l’éclairage, en passant par les placements sur scène et la musique, tout est soigneusement orchestré par Assia et toute l’équipe régie de l’Institut du Monde Arabe. « Il nous aura fallu deux mois pour monter ce spectacle » confie Assia. Deux mois seulement, pour que naisse « la nouvelle formule » de ce spectacle. « Il y a quatre, cinq ans, j’avais monté une première version de Noun, sans musiciens ». « Noun, la danse des éléments ou le voyage des oiseaux » c’est cinq musiciens hors pairs, sept danseuses et une scène remplie d’énergie.
Que la danse et la musique soient…
Assia Guemra, plus connue pour son talent de danseuse et chorégraphe, est issue des arts martiaux. « Un jour j’ai eu l’idée de mettre en scène les éléments. Je suis tombée sur Le langage des oiseaux de Farid Al-Din Attar, et ses quatre mille vers somptueux m’ont donné envie d’utiliser la gestuelle des oiseaux ». Mêlant danse orientale, danse contemporaine et mouvements d’arts martiaux, Assia a fait un syncrétisme de ces trois univers.
Mais c’est sans aucun doute cette nouvelle formation plus musicale qui rend le spectacle si entrainant. Les musiciens y sont pour beaucoup dans cette harmonie des sens. Une musique qu’ils ont composée eux même pour le spectacle. A la fois rythmée (et comment !) avec les percussions orientales et la guitare, ou plus andalou et plus douce avec le luth, le violon et la flûte, on a du mal à rester sur place ou à ne pas bouger son corps. La musique nous reste dans la tête et on se surprend même à fredonner quelques airs du spectacle.
Sans pour autant oublier le travail et la performance des danseuses, on admet qu’un orchestre sur scène rend le spectacle tellement plus poétique et visuellement complet. Pour le coup, c’est comme se retrouver au milieu d’un harem, du temps des sultans, écouter de la douce musique orientale et admirer de gracieuses femmes danser sur les rythmes des musiciens. Imaginez. Manquait plus que le thé à la menthe, et les dizaines de coussins sur lesquels s’allonger.
Yallah !
Assia Guemra a eu raison de cet accord musical avec ses danseuses. Une symbiose sur scène. Un jeu même, puisqu’au moment des solos des filles, tous communiquent et se renvoient cette énergie si flagrante et puissante qui domine la salle, la scène. La musique entraine, raconte une histoire et nous guide de tableaux en tableaux, que les danseuses peignent avec grâce, force et légèreté. Les cinq éléments (l’eau, le feu, l’air, la terre, le vent) sont dansés et interprétés. Tous sur scène traduisent toute la poésie du livre qui a inspiré la célèbre chorégraphe, Assia Guemra. La nouvelle formule est à coup sûr la bonne. A aucun moment du spectacle les musiciens n’ont été de trop sur scène, au contraire. On aurait plutôt du mal à imaginer le spectacle sans eux… La preuve. Les musiciens réchauffent la salle. Les danseuses l’envoûtent. « Youyou » de circonstance, le temps d’un passage enflammé d’une des danseuses. Quoi vous dire, quand les « youyou » sont lancés…difficile de les arrêter. Et les percu’ des musiciens n’arrangent pas les choses dans ces cas-là. Alors, quoi ? Yallah ! On écoute, on regarde et on apprécie. On se régale même.
Vanessa Meflah