Anne-Laure Teboul
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« Autopsie de l’Amour » de Anne-Laure Teboul était en représentation le 9 juillet dernier au théâtre du Petit Gymnase de Paris, dans le cadre du festival Le Pirate. Entre amour, ennui, réconciliation et désolation, cette pièce relate la rencontre et les moments forts de la vie d’un couple qui parait ne plus se comprendre.
Arrivés devant le théâtre du Gymnase, c’est après avoir passé une petite porte à droite du bâtiment et descendu une dizaine d’escaliers que l’on se retrouve enfin face à l’entrée du Petit Gymnase. Une salle de taille réduite mais qui permet d’être au plus près de la scène et donc des comédiens.
Les rideaux ne sont pas encore ouverts que l’on entend déjà de la musique douce provenir de la scène. Une vingtaine de spectateurs écoutent cette mélodie en attendant le début de cette pièce mise en scène par Anne-Laure Teboul et qui marque la fin de la première journée du festival Pirate.
Lever des rideaux. Le comédien Alexis Desseaux apparait sur scène, en peignoir, l’air déprimé. Il est assis sur un fauteuil rouge. Trois objets servent de décor : un fauteuil recouvert d’un drap de velours rouge à gauche de la scène, un tabouret rouge au centre et le fameux fauteuil sur lequel est assis « Lui », le personnage incarné par Alexis Desseaux. Ce qui frappe le spectateur, c’est l’intense présence sur scène des couleurs rouge et noire. Elles attirent tout de suite le regard. Les spectateurs peuvent imaginer que ces deux couleurs représentent respectivement la passion et le désaccord.
Dès le début de la pièce, on sent une forte tension dans ce couple. « Elle », la femme incarnée par Isabel Ribeiro, n’apparait pas directement sur les planches. On l’entend crier derrière la scène. En fait, « Elle » se doit de parler à son compagnon à travers une porte parce que celui-ci s’est isolé. Dès les premières minutes, la mésentente au sein du couple est donc flagrante.
Comment le couple en est-il arrivé là ? De nombreuses rétrospections faites au fil de la pièce nous permettent de le comprendre. Ces rétrospections sont d’ailleurs joliment rythmées par des intermèdes dansants. Un musicien, Sebastian Cordero, joue de la guitare pendant que deux danseurs, Ina Anastazya et Imed Chemam, exécutent des pas de tango. Un tango qui rappelle l’origine latine de cette pièce qui est l’adaptation d’une pièce mexicaine intitulée « Poema para tres ».
Les couleurs rouges et noires marquent également de leur présence ces intermèdes car elles vont habiller les danseurs : une robe rouge écarlate pour la fille et un costume sombre pour son partenaire.
Première rétrospection. « Lui » se rappelle sa rencontre avec Natasha dans un bar. Natasha est une étudiante en psychologie qui cherche à perfectionner son mémoire en faisant une expérience sur les hommes. « Lui » lui propose un contrat affectif de cinq mois car il a besoin d’entendre des mots doux et elle accepte pour le bien de son mémoire. Ils sortent alors ensemble et se rapprochent.
Au fil des rétrospections, on découvre deux personnes qui tombent petit à petit « connement » amoureuses l’une de l’autre. Mais des différences les séparent : « Elle » aime la poésie, « Lui » s’en moque. « Lui » veut une nouvelle voiture, « Elle » trouve que cela n’est pas nécessaire. « Elle » est touchée par son histoire avec son père, « Lui » pense à ses problèmes personnels. Chacun est obnubilé par ses propres préoccupations et n’écoute pas l’autre. Ils ont du mal à avouer leurs sentiments et se disputent souvent.
Quand vient la fin de leur contrat, Natasha décide de s’en aller car elle a terminé son mémoire et a l’intention de partir vivre au Mexique. « Lui » la laisse franchir le pas de sa porte mais le regrette vivement pendant plusieurs jours car il se rend compte que malgré tous ses défauts, Natasha lui manque. Il la rappelle donc et les deux renouent leur relation. D’ailleurs quand celle-ci revient, Natasha lui annonce qu’elle est enceinte. C’est lors de cette grossesse et de la naissance de leur fille que leur relation atteint son paroxysme. C’est à ce moment-là que les spectateurs peuvent remarquer la force de leur passion et de leur amour.
Mais ensuite, le lien qui les unit se dégrade peu à peu et c’est « Lui » maintenant qui menace de partir. A ces menaces, « Elle » lui répond qu’il ne trouvera rien de mieux ailleurs. Ils recommencent à se disputer et à ne plus s’entendre. C’est à ce moment précis que l’on comprend pourquoi le couple était en froid au début de la pièce. Leur vie n’est plus aussi rose et les deux ne communiquent plus. Ils décident alors de se séparer une nouvelle fois et c’est « Lui » qui va devoir partir. « Elle », qui n’est en fait personne d’autre que Natasha, attend la dernière minute pour le supplier de rester et de se redonner une nouvelle chance.
Natasha et « Lui » sont comme deux aimants qui se repoussent et s’attirent à longueur de journée. Ils sont « connement » amoureux l’un de l’autre et ne peuvent pas vivre l’un sans l’autre malgré toutes les difficultés. Leur vie est comme un roman sans fin. C’est un cycle. Une sorte de « Je t’aime. Moi non plus » qui se rejoue sans cesse. Chacun espère que tout changera et que leur vie sera alors meilleure.
Ainsi, Autopsie de l’Amour est une pièce qui relate l’histoire d’un amour un peu forcé et fragile. Un amour qui nait sans réelles attaches et se confronte à de nombreux obstacles. Un amour qui parait peut-être voué à l’échec. Mais les éternels romantiques imagineront une fin heureuse pour ce couple qui devient de plus en plus attachant au fur et à mesure que la pièce avance.
Catia Pereira Fernandes