IBEYI : du rite à la scène

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IBEYI   

Ibeyi étaient sur la scène de l’Alimentation Générale le mercredi 9 janvier. Un concert rempli de spiritualité, et des mélodies emprunts d’un brassage culturel chères à leurs origines cubaines, vénézueliennes et françaises. Vous en demanderez bien encore un peu…

Doux moment à l’Alimentation Générale à l’occasion du concert d’Ibeyi, les deux jeunes sœurs d’origine cubaine. Ibeyi signifie jumeau en yoruba, une langue nigéro-congolaise, arrivée à Cuba avec les descendants d’esclaves africains, aujourd’hui parlée et chantée à l’occasion des rites de la Santéria. Nul doute que les jumelles d’Ibeyi, Lisa-Kaindé et Naomi, sont empreintes d’une profonde spiritualité qu’elles transmettent dans leurs chansons. « Chanter en Yoruba c’est une façon de se démarquer des autres artistes. Aujourd’hui très peu chantent en yoruba » explique Lisa. Cette langue, elles l’ont appris avec leur mère et la chanter, c’est ce qui fait toute leur singularité. Filles du célèbre percussionniste cubain, Anga Diaz , Ibeyi c’est « une façon de lui rendre hommage ». Lui rendre hommage en mettant un point d’honneur à conserver les rites d’ouverture de la Santéria, leur religion et celle de leur père avant, en invoquant les orishas, les divinités issues des traditions religieuses yoruba, leurs orishas. Elles ont appris le répertoire de la Santéria avec un groupe de percussionnistes. Un répertoire qui ne se trouve dans aucuns livres et sur aucune partition. A dix-huit ans à peine Lisa-Kaindé et Naomi sont stupéfiantes de sagesse et de dévotion. Elles ont pour rituel de commencer leur concert par un chant en yoruba, l’Ellega. « Ellega c’est le dieu qui ouvre et ferme le chemin, et c’est aussi l’orishas de notre père ».

Plus à l’aise en chanson que lorsqu’elles s’expriment devant le public, les jumelles sont encore un peu timide sur scène. Mais sous le regard réconfortant de leur mère, assise au premier rang, elles semblent trouver leurs places et davantage de confiance face à leur public.

Sur scène elles partagent une émotion envoûtante. Naomi est aux percussions, le cajon, une caisse de résonnance en bois, et Lisa-Kaindé au piano. Toutes les deux communiquent à travers la chanson. La voix de velours de Naomi vient accompagner celle de sa sœur Lisa- Kaindé, ô combien fascinante. Ibeyi composent elles-mêmes leurs mélodies et leurs chansons. Des chansons qui parlent d’amour. De surprise en surprise, elles reprennent même la fameuse chanson d’Henri Salvador, jardin d’hiver, à leur sauce. Une mélodie remaniée et plus rythmée, avec toujours autant de légèreté et de délicatesse dans l’interprétation.

Français, anglais, espagnol, yoruba, elles chantent en plusieurs langues et nous transportent dans leur univers. C’est sûr, le charme opère. Le public est comblé et ça se voit. Sourires, mouvements de tête et déhanchés. Ibeyi échangent avec la salle, et invitent tout le monde à les accompagner en chanson, tout le monde se prête au jeu et fredonne un timide « oh oh oh oh oh oh » sur une de leur chanson en espagnol. Qu’importe, l’ambiance est là, le public en redemande. Et nous aussi. Le concert aura duré une trentaine de minutes. Une demi-heure de plaisir. Ce soir-là, la salle de l’Alimentation Générale est comble, certains venus écouter les deux autres artistes programmés, mais l’occasion pour beaucoup de découvrir les deux captivantes jumelles d’Ibeyi.                                                                                                                                  

  Vanessa Meflah

 

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