Dorsaf Hamdani
Comme toute apprentie chanteuse du monde arabe, Dorsaf Hamdani a commencé par imiter Oum Kalsoum, Asmahan, Fairouz. Née en 1975, elle se fait connaître dès 1995, chante beaucoup le malouf, la musique arabo-andalouse de Tunisie, le répertoire de la grande chanson du Caire. Mais Dorsaf attendra plus de quinze ans avant d’enregistrer ses reprises de chansons immortalisées par les trois légendes du chant arabe. Elle sait l’exercice risqué. Dorsaf le réussit très bien tout en gardant sa personnalité : une voix plus grave qui personnalise les succès des trois cantatrices, soutenue par les violoncelle, qanun, oud, ney, derbouka, riqq et daf. Dorsaf chante des succès de la reine du Liban, Fairouz, sur scène depuis 1957, comme « Rajeen ya hawa » (Nous sommes de retour ô amour), qui date des années 1970, et « Yallah tnam Rima » (Ô Seigneur aide Rima à dormir), lancé en 1967 par le film Bint al-harès (La Fille du gardien). Elle réalise aussi des interprétations de la princesse druze d’Egypte, Asmahan (1917- 1944), donnant la pleine mesure de sa voix avec un mawwal, improvisation vocale vigoureuse et déliée, « Mawwal ya dirati » (Chant à ma patrie), et une valse viennoise orientalisée, « Layali el ouns fi Vienna » (Nuits d’intimité à Vienne), écrite par Ahmed Rami, le poète de prédilection d’Oum Kalsoum. Laquelle est reprise avec le même bonheur par Dorsaf : outre le douloureux « Li as-sabri houdoud » (La patience a des limites) de 1926, deux morceaux viennent du cinéma : la taktouka, musique légère, de « Ghanily chawe chawe » (Chante-moi un peu) du film Salamah (1945), et celle de « Loughat az-zouhour » (Le langage des fleurs) du musical Fatmah réalisé en 1947 par Ahmed Badrakhan, le « Minnelli du Nil ».