SYRINE BEN MOUSSA
A l’occasion du 4ème Festival L’Afrique dans tous les sens, la jeune chanteuse tunisienne, Syrine Ben Moussa, a littéralement subjugué le public de La Bellevilloise. Découverte !
Lumières vertes, mur bleu, tables grises, canapé rouge, c’est dans une atmosphère colorée que Syrine Ben Moussa monte sur scène. Le public est assis, buvant un verre après une dure semaine de travail. Venus pour se détendre et papoter entre amis ou collègues, ils ne prêtent pas tout de suite attention aux mots timides de la jeune femme qui vient de monter sur scène.
Une simple tunique rose brodée portée sur son jean, accompagnée de son oud arbi (instrument à cordes pincées principalement utilisé dans la musique arabo-andalouse), Syrine Ben Moussa et ses musiciens s’accordent.
Ces petits ajustements terminés, un filet de voix s’élève, peinant à couvrir les bruits de couverts du loft de la Bellevilloise (20ème arrondissement de Paris). Peu à peu, la voix se fait plus forte et les oreilles plus attentives. Elle est douce et puissante à la fois. Les notes tenues à l’extrême donnent à la musique les allures de complaintes si caractéristiques du monde arabe. Les musiciens qui l’accompagnent, un bassiste, un violoniste et un percussionniste au style parisien se laissent aller et nous transportent aux sons de leurs instruments dans l’univers arabo-andalou. Les notes chaudes et le son grave et plein des doigts pinçant les cordes de l’instrument typiquement maghrébin réchauffent le cœur des spectateurs. Ils ne parlent presque plus, comme absorbés. Sur les tables, les doigts tapotent au rythme des percussions, les épaules s’agitent et les yeux s’écarquillent.
Syrine donne tout sur scène. Passionnée de musique, son but est de faire partager sa vocation. Le Malouf, cela fait partie d’elle. Elle en écoute depuis sa plus tendre enfance passée sous le ciel tunisien. « Pour moi, c’est un retour vers une Andalousie rêvée et un trésor dont nous avons hérité », affirme la jeune tunisienne de 28 ans pour qui c’est tout à fait naturel de faire connaître et apprécier cette musique aux nouvelles générations.
Elle l’a, pour cela, quelque peu revisité en ajoutant aux sonorités traditionnelles le son grave et vibrant d’une basse.
Transmettre et rendre hommage à une pratique culturelle aujourd’hui laissée de côté. Remettre au goût du jour des standards pour que l’esprit de ces chansons ne se perde pas : voilà un des objectifs de cette musicologue, doctorante à la Sorbonne. Et elle ne s’est pas contentée de repenser la musique arabo-andalouse : supportée par son violoniste, Syrine BEN MOUSSA a su orientaliser le mythique « Emporté par la foule » d’Edith PIAF tout en en conservant l’élégance et la légèreté. Les notes s’envolent sous l’archet habile du violoniste. Le vibrato s’accorde à la perfection avec le timbre de voix de l’artiste qui vit littéralement les paroles de ses chansons.
Ce n’est pas emportée mais acclamée par la foule que l’artiste tunisienne quitte la scène de la Bellevilloise.