SCULPTURE IVOIRIENNE
« Les maîtres de la sculpture de Côte d’Ivoire » sont au Quai Branly du 14 avril au 26 juillet 2015. C’est toute une vie que les commissaires de l’exposition Lorenz Homberger et Eberhard Fischer ont mis a profit pour offrir toute la diversité de l’art africain souvent cachée derrière ses masques sculptés..
330 œuvres historiques et contemporaines et six régions artistiques sont représentées, comportant autant de maîtres célèbres pour leur statuaire: les Gouro et les Baoulé au centre, les Dan à l’ouest, les Sénoufo au nord, les Lobi au nord-est et les peuples lagunaires au sud-est. Par exemple, la sculpture appelée Maternité, issue des Dan et plus précisément de l’artiste Sra.
La Galerie des Sculpteurs est dédiée aux œuvres de 40 artistes du XIXe et de la première moitié du XXe siècle.
Même si la sculpture africaine tient une place centrale dans l’histoire de l’art, il existe bien d’autres techniques artistiques. Les hommes en utilisent certaines que n’utilisent pas les femmes et inversement. Bien sûr les artistes africains sont connus pour le travail du bois et nombre d’œuvres en témoignent, mais bien d’autres choses sont à découvrir. Par exemple des poteries de toutes tailles et de style unique, des bijoux, dont certains sont en laiton, d’autres en or. Le métal liquide se substitue à la cire. Ces ornements sont imposants et pèsent lourds. Les nombreux détails de chacun de ces objets sont la preuve gravée du temps passé à leur réalisation.
Plus loin, des tissus et de véritables maîtres à tisser d’époque. L’œuvre Etrier de poulie de tisseran créée par l’entourage du Maître du visage concave illustre cette transition. Le voyage dans le passé est assuré grâce aux films qui défilent sur des petits écrans de part et d’autres de ces œuvres. D’ailleurs le multimédia a toute sa place ici et permet de détailler et de comprendre les techniques utilisées par les artistes.
Des sculptures qui ne sont pas qu’en bois
On trouve ainsi des œuvres d’artistes contemporains comme Emile Guebehi ou encore Nicolas Damas, dignes représentants de cette nouvelle génération d’artistes africains transnationaux.
Ils sont à l’origine d’une véritable scène de la vie quotidienne à la vraisemblance incroyable. Une autre œuvre marquante représente trois robots. L’un semble directement sorti de La Guerre des étoiles, et les deux autres d’un dessin animé des studios Pixar. L’héritage des grands artistes du passé fait un bon dans le présent et le contemporain.
L’idée marquante ici reste la diversité du monde artistique africain. Au-delà des masques… Il y a beaucoup plus que ça. Du tissage, des bijoux, des statuettes…On découvre beaucoup plus que ce que l’on est venu voir, l’esprit de partage à l’africaine. Un véritable témoignage du savoir-faire des créateurs de l’Ouest de l’Afrique et la continuité créative de ces « artisans- artistes » sculpteurs.
Et comme le dit si bien Eberhard Fischer « Ceci n’est pas une énième exposition d’œuvres d’art africain, élaborée à partir de différentes collections existantes, ceci est un défi […] Nous voulons induire ainsi un regard nouveau sur l’art africain […] ». Défi relevé!
Céline Fatoux / Sarah Semeglo