SAHRA HALGAN TRIO : Portrait

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SAHRA HALGAN TRIO

La chanteuse Sahra Halgan a tenu un concert à Paris mercredi 10 février 2016, au Studio de l’Ermitage. Cet évènement vient s’inscrire dans le festival « Au fil des voix », festival musical prônant la diversité culturel. Sahra et ses deux musiciens viennent y défendre la cause du Somaliland.

SAHRA HALGAN TRIO Le Somaliland est un pays africain encore trop ignoré selon Sahra Halgan. L’ONU ne le reconnait toujours pas comme état membre. Il est en guerre depuis 25 ans. Sahra est une chanteuse originaire de cette terre oubliée. Elle est encore très jeune, la vingtaine d’années, lorsqu’elle subit la guerre de plein fouet au Somaliland. « C’est un pays qui a été colonisé par les Anglais. Ils nous ont massacrés. Ils nous ont tués. Et personne au monde n’était là pour nous. On s’est battu pour reprendre notre pays et on l’a repris. Mais on reste en guerre avec la Somalie pour notre indépendance » expose Sahra. Son seul moyen de résister et de garder la tête hors de l’eau ? Le chant. Grâce à lui, elle se réconforte, elle puise sa force dans cette passion. Chanter lui permet aussi d’apaiser les personnes qui l’entourent. Pendant la guerre, Sahra s’improvise infirmière de guerre. « Les gens souffraient. J’ai cousu, j’ai coupé, j’ai soigné. Je n’y connaissais rien, mais tout ce que je pouvais faire, je le faisais. Quand il fallait couper une jambe, je mettais du tissu dans la bouche du blessé parce qu’on n’avait pas d’anesthésie » nous explique Sahra. Dans ces instants, la femme somalilandaise chante. A sa façon, elle aide à apaiser les souffrances en accompagnants les soldats dans leurs douleurs. Elle les calme, les rassure. Sa voix leur fait du bien. Parfois, elle accompagne même les moments de mort, pour les rendre plus paisible.

Suite à la guerre qui l’a traumatisé mais qui lui a donné une volonté de fer, Sahra quitte son pays et s’enfuit en France. Là, elle continue de chanter. Elle souhaite en faire son métier. Sa famille s’y oppose formellement. « Ma mère me dit que ce n’est pas bien. Elle, elle compose des poésies, mais chanter, c’est non. Je sais pas pourquoi mais elle n’a pas accepté. Du coté de mon père, ce n’est pas bien une fille qui chante. Mais malgré cela, toute ma famille me respecte quand même ».

Professionnellement, ce n’est pas facile pour elle. A peine arrivée en France, la chanteuse a d’abord travaillé avec des groupes de musiques mais sans grand succès. Par la suite, elle rencontre Aymeric, son actuel percussionniste. SAHRA HALGAN TRIO Grâce à son nouveau compagnon de scène, elle rencontre Maël, son guitariste. Le trio est né. Sahra s’entoure petit à petit des bonnes personnes, et ses projets prennent vraiment forme. Elle fait son 1e album en 2009. Pleine de rage, elle veut dénoncer les malheurs de son pays, et la non-assistance de l’ONU « Dans mon 1e album, j’avais la haine contre le monde entier. Vous savez, l’ONU empêche 4 millions de personnes de vivre correctement. En temps de guerre, elle ne nous aide pas. Elle doit reconnaitre ce pays.» nous confie Sahra.

Sahra est retourné au Somaliland. Elle y a ouvert un centre culturel. Le seul centre culturel. Maël, son guitariste, avoue avoir très envie d’aller visiter ce lieu, et de rencontrer l’entourage de Sahra, notamment les personnes qui lui ont permis d’avancer lorsqu’elle débutait dans la chanson.
Aujourd’hui, la chanteuse sort un second album, « Faransiskiyo Somaliland ». L’album est plus calme, plus positif, et surtout plein d’espoir et d’amour. « L’ONU nous oublie, mais on avance un peu, à notre rythme. Notre pays a 25 ans. On existe. On est là. Et quand, aujourd’hui, le matin je vois les enfants aller à l’école, les mamans aller au marché, et les grands-pères aller prendre leur café, sans bombardement, c’est merveilleux, c’est le bonheur ».
Sahra, Maël et Aymeric sont tous les trois passionnés de musiques africaines, mais leur combat est totalement engagé. La reconnaissance du Somaliland leur tient vraiment à cœur. Aymeric nous déclare d’ailleurs « être un blanc, avec l’esprit métisse ». Il se considère comme possédant une double culture. Il voyage depuis plus de 15 ans en Afrique. Là-bas, il a même pu recevoir un apprentissage des percussions. L’amour de ces musiques africaines transpire chez chacun des membres de ce trio.

Estelle Lautrou

 

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