MALEK BENSMAÏL
Une éducation algérienne
Né en 1966 à Constantine, Malek Bensmaïl baigne depuis son enfance dans la culture des montagnes, du fait de ses origines berbères, à quoi s’ajoute une forte identité algérienne. Sa personnalité atypique est complétée par la culture arabo-musulmane. C’est un personnage assuré, souriant et cultivé. Son style vestimentaire classique est agrémenté de touches fantaisies : un chapeau et un pull rouge vif. Son discours est clair, posé. Il n’a visiblement aucune peur face à la caméra et on sent à peine son accent quand il parle français. Il parle beaucoup avec les mains, comme s’il souhaitait faire passer son message autrement que par le verbatim.
Il témoigne d’un grand respect pour ses parents. Son père, Belkacem Bensmaïl, était reconnu comme l’un des pionniers de la psychiatrie de l’Algérie indépendante. Sa mère est celle qui a su soutenir son père et lui permettre de réaliser tout ce qu’il a pu faire. Les enfants le voyaient rarement, il leur manquait beaucoup. Il a grandi avec l’absence de ce paternel constamment consacré au développement de son peuple et de son pays. Ses patients et ses étudiants étaient tout pour lui, même s’il n’aura pas manqué de transmettre ses qualités à ses enfants.
Entre deux blagues sur la réélection de Bouteflika en Algérie, l’homme au chapeau raconte avoir hérité de certaines grandes vertus de son père : son humanisme, son humilité, son don d’écouter et d’aider les autres, ainsi que sa studiosité. Ce sont notamment ces raisons qui ont poussé le cinéaste à devenir réalisateur.
Un parcours régenté par la diversité
Malek Bensmaïl est friand d’anecdotes et n’hésite pas à raconter comment sa vocation est née. Dès son plus jeune âge, le futur réalisateur s’amuse à tourner des films en format Super 8, qu’il présentera ensuite à des festivals de cinéma amateur. Il s’installe à Paris en 1988, où il obtient un diplôme de l’Ecole Supérieure d’Etudes Cinématographiques.
Comme son père, il aspire à faire avancer l’Algérie, positionnée entre traditions et modernité. Réalisateur engagé, Malek Bensmaïl se prononce sur de nombreux sujets qui font polémique. C’est selon lui son devoir d’artiste et d’intellectuel d’aborder ces thèmes. Attestant d’un grand intérêt pour l’Histoire et les relations internationales, il aborde plus particulièrement l’Algérie car c’est ce qu’il connait le mieux, même s’il s’intéresse au monde entier. Le cinéaste confie son souhait que davantage d’artistes participent à la lourde tâche de populariser l’information contre l’autorité établie. Ses films représentent une Algérie composite, elle-même bercée entre plusieurs cultures et générations. Il cherche à éveiller les consciences, il se veut vecteur de démocratie à travers ses films. Il a foi en l’humanité et c’est cet espoir qui lui donne aujourd’hui l’envie de continuer à réaliser des films.
Aujourd’hui, le metteur en scène a su s’accaparer toutes les cultures auxquelles il a été confronté et ne s’identifie pas plus une identité qu’à une autre. Puisque les sujets de société tels que la politique, la santé, et la musique sont ceux dont il parle le plus au quotidien, il est naturel qu’il ait fait le choix d’en faire les sujets principaux de ses films.
Aujourd’hui
En 2004, il décide de rendre hommage au génie de son père avec le film Aliénations. Le film témoigne des limites de la psychiatrie en Algérie ainsi que de l’humanisme des médecins dévoués à la cause des patients. L’engagement des psychiatres et leur proximité avec les malades est particulièrement mis en avant.
En 2015, il réalise Contre-pouvoirs, sorti en salle le mercredi 27 janvier.
Shelina Scaravelli