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On ne pourra pas enlever cette qualité à MILLA IMANI : la jeune fille sait être joyeuse, sereine et positive. Et dans le monde précaire des comédiens noirs en France, c’est une preuve indéniable sinon d’intelligence au moins d’habileté.
La vingtaine bien entamée, l’ex-cadre dans les assurances est aujourd’hui comédienne/réalisatrice. Elle ne regrette rien de son passé et assume tout à fait son nouveau choix d’embrasser, contre l’avis de ses proches, une carrière de saltimbanque. « Le métier que je n’aimerais pas faire, je l’ai déjà fait », assène cette jeune française originaire du Congo, arrivée en France à l’âge de trois ans. La réalité serait à nuancer. Franchement. Milla Imani n’as pas toujours été cette jeune fille hilare, à la bonne humeur contagieuse que nous recevons ce matin dans les locaux de Sud Plateau TV. Pendant longtemps, elle a été ce qu’elle appelle elle-même aujourd’hui les « 4 400 ». « Les ‘4 400′, c’est un numéro que j’ai décidé d’attribuer à toutes ces personnes qui absorbent l’énergie des autres. Ils passent leur temps à se plaindre et à essayer de pomper votre énergie. Ils captent votre attention et à la fin, vous ne vous appartenez plus, vous avez perdu toute votre énergie, toute votre joie. Vous repartez vidé » assure Milla Imani. Mais depuis, elle a fait sa mue. Le côté never satisfy de ces « 4 400 » lui inspire aujourd’hui plutôt de l’indulgence. Elle dit les comprendre parfaitement.
Milla Imani voit désormais la vie en rose. Elle rêve de cinéma. Et se donne les moyens de faire de cette passion sa profession. Au moins une fois par mois, elle assiste à une Master Class organisée par l’une des multiples associations de cinéastes dont elle est membre. A son grand regret, dit-elle, elle se retrouve presque toujours la seule noire dans ces cours. Est-ce pour cela qu’elle a accepté de poser pour le livre Minorité visible, cinéma invisible (Edition Dagan-2011) du journaliste et photographe Samuel Nja Kwa ? Non. Contrairement au propos militant de ce livre, Milla Imani a décidé, sur le fond, de prendre ses distances avec le discours de victimisation des noirs de France. Et que pense-t-elle alors du déficit de visibilité des Noirs dans le cinéma français et à la télévision française ? « Cette quasi absence des Noirs dans le cinéma et la télévision française veut aussi dire qu’il y a de la place pour nous, il y a de la place à prendre. Il suffit de s’en donner les moyens », répond-t-elle avec cet aplomb de prosélyte.
Milla Imani fait ses premiers pas au cinéma en 2008, avec un rôle dans le court métrage Dieu parmi les hommes d’Augustin Mezin. Mais très rapidement cette titulaire d’un Master en finance, qui a abandonné une brillante carrière dans les assurances pour se consacrer au cinéma comprend que les rôles pour filles noires ne sont pas légions dans le cinéma français. Alors découragée, Milla ? L’animal sait retomber sur ses pattes. Elle se lance dans l’écriture et la réalisation. En 2009, Miroir, miroir, et Arnaque et bistouri , deux courts métrages dans lesquels elle joue le premier rôle sont écrit par elle. Suivront en 2010 et 2011 deux autres courts métrages, Les gardiens du monde et C’est trop mignon écrits, réalisés par elle et dans lesquels le rôle principal est joué par … Milla Imani her self. Guy Mérimé PADJA