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Capteur remarquable de l’air du temps doublé d’un flair redoutable de la bonne affaire, Hervé Harding Guiffo fut, au début des années 2000, le jeune réalisateur/producteur le plus prometteur du Cameroun. Et pourtant, 15 ans plus tard, il peine à sortir son deuxième long métrage : Découverte !
Hervé Harding GUIFFO est une figure du jeune cinéma camerounais des années 2000. Sa société Lomask Productions a le quasi-monopole de la réalisation des clips vidéo de la scène HIP HOP émergente d’alors.
De l’aveu même de Bassek Ba Khobio, Hervé Harding GUIFFO n’est pas le plus doué des jeunes cinéastes qu’il a formés aux Classes Cinéma Ecrans Noirs. Mais son intuition est notoire autant que son esprit acéré. Il n’hésite pas à bousculer les codes est les hiérarchies. Allant jusqu’à réaliser et produire lui-même son premier court-métrage, « Par ignorance », contre l’avis de son parrain et formateur Bassek Ba Khobio. Ce dernier, cinéaste et producteur chévronné, estime que son poulain n’est pas prêt. Mais Hervé Harding GUIFFO n’en a cure. Il fonce !
Hervé Harding GUIFFO a compris, dès l’âge de 8 ans, qu’on n’éteint pas la lumière en fermant les yeux. Dans la vie il faut se battre. Cet enfant du quartier Tamdja à Bafoussam s’en donne les moyens. Il installe les bureaux de sa jeune entreprise dans les suites d’un hôtel de la capitale. Il s’achète une grosse berline japonaise dont il prend soin de teinter les vitres.
Mister Guiffo a décidé de jouer dans la cour des grands. Les nouveaux clients de Lomask sont la banque Mondiale, l’Unicef,… tout ce que Yaoundé compte comme institutions internationales. Il ne renonce pour autant pas au marché des clips musicaux, dont il sous-traite désormais la confection à des jeunes réalisateurs et techniciens ambitieux. Ce faisant, Hervé Harding GUIFFO transforme les locaux de Lomask en une vraie pépinière de talents. C’est « The place to be » pour tous les jeunes yaoundéens qui se rêvent en Spielberg ou James Cameron.
Plus qu’un modèle, Hervé Harding GUIFFO est presqu’un gourou pour sa petite bande. Ce Jeune homme qui traînait, il y a encore quelques années, son mal-être et sa misère dans le quartier populeux de Tamdja à Bafoussam est désormais un modèle de réussite pour toute une frange de la jeunesse de Yaoundé.
Son court métrage vient de remporter le premier prix au Festival Yaoundé Tout court. Une tournée est prévue dans les grandes villes du pays. Les contrats s’enchaînent. L’argent coule à flot. Des belles filles squatent à longueur de journée la salle d’attente des locaux de Lomask. Prétextant un casting, elles espèrent, pour la plupart, juste passer une soirée en compagnie du Big boss. Que dis-je ? Du beau gosse.
Eh oui, Hervé Harding GUIFFO est devenu beau gosse. L’argent et le bling bling ont largement refait le portrait de ce garçon qui, il y a à peine quatre ans, débarquait de son Bafoussam natal, fièrement habillé en haillon.
Or voilà qu’ex subito, au retour d’un premier voyage en Europe, le patron de Lomask annonce à son petit monde sa décision de quitter définitivement le pays. Parfaitement détendu Hervé Harding GUIFFO explique à son équipe que le Cameroun est désormais trop étroit pour lui et que c’est l’Europe son nouveau terrain de chasse. L’impétueux jeune producteur, ne se donne pas le temps de préparer son départ. L’organisation de sa succession à la tête de Lomask est bâclée. C’est Mbeng tout de suite et rien d’autre.
En mai 2004, Hervé Harding GUIFFO atterrit à l’aéroport de Roissy Charles De Gaule, avec dans ses bagages l’ambition de mettre Paris et son cinéma à ses pieds. L’affaire sera pliée dans maximum deux ans, pense-t-il ingénument. Il est, certes, précédé dans le petit milieu camerounais de Paris par sa réputation de bon réalisateur de clip. Mais c’est tout. Le cinéma français ne le connaît pas. Ne l’attend pas.
Douze ans après son arrivée en France, Hervé Harding GUIFFO a, à son actif, la réalisation d’une vingtaine de clips musicaux camerounais et africains. Mais toujours pas de film. La création de sa boîte de production Eden Productions ne lui a pas ouvert les portes du paradis escompté.
Dire que le tournage de « Code 99 », sa première fiction en tant que réalisateur en France, a été pour lui une rude épreuve est un euphémisme. Le tournage n’est pas tout à fait terminé. Pire, tout ou presque est à refaire. A bout de forces et de ressources, Hervé Harding GUIFFO est aux abois. Le doute s’installe. Notre inoxydable ambitieux vacille. Pour la première fois dans sa vie, il a l’impression d’être au milieu de nulle part. Mais son « salut », viendra une fois de plus du Cameroun, ce pays si cher à son cœur et dont le drapeau tricolore trône au milieu du salon de son appartement de Viry-Châtillon, une banlieue parisienne.
En 2015, Hervé Harding GUIFFO retourne au Cameroun et tourne « Seuls ceux qui aiment », son deuxième film et premier long métrage en 15 ans de carrière. Malgré les difficultés rencontrées, le film est achevé, et cherche un distributeur. Les rares intimes qui ont pu voir ce thriller, ont une seule phrase à la bouche : « Harding is back ». Prometteur !
Mérimé PADJA