Il ne faut pas grand-chose pour toucher à l’extraordinaire. Parce que ses pas l’ont mené au petit matin non loin de Dakar dans un village de pêcheurs, un homme croise le destin de Ramata, femme d’entre les femmes, déesse vivante, merveille de la vie. Cela commence par des gyrophares dans les dunes. L’air est doux, la patronne d’un bar pleure doucement. On vient de trouver dans sa cour qui donne sur la plage le corps étonnamment digne d’une vieille clocharde. Tout en elle est mystère, jusqu’à la lourde chaîne en or qu’elle porte autour du cou. L’ambulance partie, l’homme s’installe, paie une bouteille de vin, demande le nom de la morte. Phrase après phrase, il découvre, fasciné, la tragédie d’une vie mêlée à l’histoire plus ancienne du Sénégal…
Biographie Abasse NDIONE
Abasse Ndione (né le 16 décembre 1946 à Bargny, près de Dakar) est un écrivain sénégalais.
Fils d’un petit commerçant d’un village du Sénégal, il suit d’abord l’école coranique locale avant que son père ne les pousse lui et son frère à aller à l’école française. Il suit des études d’infirmier et obtient son premier poste en 1966. Il exercera ce métier jusqu’à sa retraite. Il se marie en 1968 avec Meriem, une institutrice. dont il aura 7 enfants. Son premier roman, La Vie en spirale mettra 8 ans avant d’être publié au Sénégal. L’ouvrage qui parle de la consommation et du trafic de « yamba » – nom local du cannabis –, aussi bien par les jeunes sans emploi, par les officiers de Police ou par les blancs présents au Sénégal fait du bruit. Il attirera l’attention de la maison d’édition parisienne Gallimard qui le publiera et il est désormais étudié dans les écoles du Sénégal. Son dernier roman, une longue nouvelle Mbëke mi parle de l’émigration des jeunes sénégalais en pirogue pour essayer de rejoindre les Canaries puis l’Europe. Pour ses romans, Ndione indique penser d’abord en wolof puis les retranscrire en français. Ramata a également été traduit en espagnol.
Abasse Ndione habite à Rufisque, une ville de pêcheurs à une vingtaine de kilomètres de Dakar. Sa plus grande tirade, et surement le début d’une légende est : « A une époque qui se perd dans la nuit des temps, où l’homme et la bête se parlaient, un chasseur trouva un jour un lion blessé à la patte sous un tamarinier. Il ne le tua pas, mais le soigna, chassa et lui apporta à manger. Les jours passèrent, le lion guérit : «Tu m’as sauvé la vie, fit-il. En signe de reconnaissance, je vais t’indiquer l’herbe qui sert de tabac aux génies. Si tu es intelligent, elle te rendra plus intelligent encore; si tu es courageux, elle te rendra plus courageux encore; si tu es fort, elle te rendra plus fort encore… » » Ndione, 1984