SAMI TCHAK
Biographie SAMI TCHAK
Après une licence de philosophie obtenue à l’université de Lomé, capitale de son pays, en 1983, il enseigne dans un lycée pendant trois ans. Il arrive en France en 1986 pour des études en sociologie. Il obtient son doctorat à la Sorbonne (Paris V) en cette matière en 1993.
C’est dans le cadre de ses activités de sociologue que le hasard le conduira à Cuba en 1996 pour sept mois de recherches sur la prostitution. Il écrira La Prostitution à Cuba. Communisme, ruses et débrouilles (préfacé par l’écrivain cubain Eduardo Manet). La découverte du Mexique, puis de la Colombie par la suite vont influencer ses choix littéraires. Ces espaces et les grands écrivains qu’ils ont donnés au monde lui ouvrent de nouveaux horizons.
Depuis son roman Hermina en 2003, chez Gallimard, tous ses livres se passent dans une Amérique latine « imprécise » qui fait aussi beaucoup penser à l’Afrique.
En 2004, il a gagné le grand prix littéraire d’Afrique noire, pour l’ensemble de son œuvre. Ses romans ont été traduits en italien, espagnol et allemand. Outre des articles publiés dans des encyclopédies, des revues scientifiques, et des nouvelles dans des recueils collectifs, il a publié à ce jour six romans et quatre essais. Il est membre du jury du Prix Étiophile.
RÉSUMÉ
Sami Tchak est né en 1960. Il est le premier enfant de son père à avoir appris à lire et à écrire. Après une licence de philosophie à l’université de Lomé, il termine des études à Paris par un doctorat de sociologie. Il écrit des essais puis des romans. Mais c’est dans la forge de son père qu’a commencé son éducation. Le charbon, les soufflets, le feu, l’enclume, le fer rougi et le marteau ont précédé les pages et la plume. Et surtout les histoires de son père. Sami Tchak l’écoutait sans cesse. Ce dialogue, cette écoute a duré plus de quarante ans et ne s’est interrompu que par la mort du père en 2003 mais il continue à entendre sa voix, à percevoir ses mots et sa sagesse. Ces pages sont un fragment des histoires de cet homme qui disait à son fils : « Tu m’écoutes et tu tries. Tu m’écoutes et du tamises mes mots. Il en restera juste des miettes donc l’essentiel ». Ces « leçons de la forge » que le père adressait à ses fils, ses filles, ses épouses, aux hommes et aux femmes du village, Sami Tchak ne les a pas oubliées : elles sont un bien inestimable, des leçons d’humanité, d’humilité et d’amour. « D’un enfant, nous devons apprendre plus que nous ne pouvons lui enseigner, puisqu’il porte en lui le monde que nous n’aurons pas le temps de vivre, alors que lui a la possibilité de connaître l’essentiel de ce qui existait avant lui. » : ainsi parla mon père à la naissance de mon fils aîné Malick le 2 juin 1987 à Ouagadougou. « Tu prétends avoir terrassé tous tes concurrents dans les sept villages, hein, beau champion de lutte ? En es-tu sûr ? Es-tu sûr qu’il ne te reste aucun concurrent à terrasser ? Tu veux que je te dise la vérité, tu le veux ? Jeune homme, ta victoire ne sera complète que le jour où tu mettras à genoux ta propre ombre » : ainsi parla mon père au plus grand lutteur du village qui s’inventait sa propre légende. « Partout dans le monde, si tu ne retrouves pas en les autres une part profonde de toi, ne dis pas qu’ils sont différents de toi, mais que tu n’as pas su te chercher en eux. Sinon, en chaque homme, en chaque femme, même en ceux et en celles qui te semblent si vils, méprisables, il y a ta propre vérité. Ne pas t’y trouver, c’est passer forcément à côté de toi-même, mon fils » : ainsi parla mon père pour m’apprendre à chercher en chacun la part entière de l’humaine condition.