Résumé MICHELE RAKOTOSON
1894, la France s’apprête à envahir Madagascar. Félicien Le Guen, rempli de désirs d’aventures, quitte sa Bretagne pour rejoindre son contingent sur la Grande Île. Tavao, esclave, porteur à Ambatomanga, vit, pendant ce temps, dans la peur tenace d’une guerre imminente. La douleur taraude le peuple malgache, replié dans le silence des dieux.
Lorsque la reine Razafindrahety organise, enfin, une contre-offensive pour défendre ses terres, Tavao rejoint son maître au combat. Loin de sa femme, enceinte, il est confronté aux affres de la guerre. Félicien Le Guen subit, quant à lui, les stratégies des hauts fonctionnaires parisiens, ignorants des conséquences d’un assaut durant la saison des pluies.
Sous une chaleur moite et brûlante, au fil de la traversée lancinante de forêts et de marécages infestés de moustiques, résonne le cri de ces jeunes soldats écrasés dans l’étau d’une colonisation naissante.
Biographie
Issue d’une famille d’intellectuels protestants, Michèle Rakotoson effectue ses études primaires et secondaires à Antananarivo avant de faire sa licence de lettres malgaches à Madagascar, puis un DEA en sociologie à Paris.
Après avoir été professeur de lettres à Madagascar et metteur en scène, elle quitte Madagascar en 1983 pour des raisons politiques. À Paris, elle travaille comme journaliste à la radio (Radio France Internationale et France Culture) et à la télévision (RFO-AITV). En 1990, elle devient responsable des manifestations littéraires à RFI, s’occupant notamment du concours des inédits de RFI-ACCT, du Prix RFI-Témoin du Monde et d’autres activités littéraires et culturelles. En 2008, elle quitte RFI pour s’occuper à plein-temps du projet Opération Bokiko, un projet de relance de l’édition et du livre à Madagascar.
Elle est auteure de plusieurs pièces de théâtre qui sont jouées sur scène en Afrique, en Europe et en Amérique.
Dans une oeuvre centrée essentiellement sur la recherche de la culture et de l’identité malgaches, Michèle Rakotoson revisite les traditions et les coutumes. Dans un premier roman d’une écriture limpide et hypnotique, Le Bain des reliques, elle reprend la tradition des Famadihanades et du fitampoha, les secondes funérailles où les Malgaches font le retournement des os des défunts. Dans Hennoÿ, c’est la place des morts dans les souvenirs et la place de l’esclavage qui sont au centre de l’oeuvre. Son quatrième roman, Lalana (ce qui veut dire à la fois « la rue » et « la loi »), est le plus dense et le plus mythique. D’une écriture majestrale, la romancière trace le parcours vers la mer de ses deux protagonistes, de jeunes artistes d’Antananarivo dont l’un, malade du sida, n’a jamais vu la mer. Tout au long de leur voyage, l’auteure évoque la capitale et le paysage du pays, accompagnant ses héros de fantômes ancestraux, non sans une certaine révolte dans l’évocation des injustices racistes et sociales du pays, et la dégradation de son environnement naturel.
Avec la publication de Juillet au pays; chroniques d’un retour à Madagascar en 2007, Michèle Rakotoson passe au récit autobiographique dans un retour aux sources et sur la place que peut occuper ou réoccuper les gens qui ont quitté leur pays et qui vont peut-être y retourner. « En vacances chez elle », l’auteure retrouve les lieux de son enfance, posant la grande question de la place et de la légitimité du regard de la diaspora.