Expat blues est le récit fragmenté, féroce et hilarant d’une expatriée en quête de sens, en quête de mots. Dans la langue même qui l’accueille, la rejette ou la bouscule, Lucy Mushita interroge ce que l’on pourrait désigner comme le racisme ordinaire, des micro-agressions banales, qui finissent par gangréner la société dans laquelle évolue une narratrice qui ne possède pas assez la langue du pays où elle vit et dans lequel elle a planté ses rêves. Au fur et à mesure qu’elle apprend, elle se heurte successivement à la langue, aux stéréotypes et découvre petit à petit, comme en pelant l’oignon, à quel point les mots sécrètent autant de violence que de préjugés tenaces. Ce n’est pourtant pas une chronique larmoyante mais un grand éclat de rire qui affirme la possible guérison par la médiation du langage et le pouvoir de la représentation.
BIOGRAPHIE :
Originaire du Zimbabwe, Lucy Mushita grandit dans un village en plein apartheid. Elle s’installe en France en 1986, près de six années après l’indépendance de son pays natal. Elle passe également une période de sa vie aux États-Unis et en Australie.
En 2012, Lucy Mushita publie son premier roman Chinongwa aux éditions Actes Sud. Largement inspiré de la vie de sa grand-mère, le récit évoque le mariage forcé des petites filles en Afrique australe au début du XXe siècle. Un roman d’apprentissage sur l’accession à l’indépendance, payée au prix fort.
À travers ses textes et interventions publiques, Lucy Mushita souhaite bousculer avec humour les stéréotypes de la « femme africaine » et notamment une hyper sexualité relayée au fil du temps par la société française. Selon l’écrivaine : « la littérature et l’art coloniaux, telle la figure de la maîtresse africaine dévouée au colon français sont responsables de tout ».
En 2017, l’auteure participe à l’ouvrage collectif Ce qu’ils font est juste édité aux éditions Don Quichotte. Le recueil réunit vingt-six nouvelles, textes poétiques ou fables, mettant en avant la plume particulière et les engagements personnels de ces différents auteurs dans un contexte de crise migratoire et de délit de solidarité. Les recettes du livre sont reversées à deux associations d’aide aux réfugiés. (Wikipédia)