« RANO RANO » de Jean-Luc Raharimanana : Les voix silencieuses

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Jean-Luc Raharimanana 


Du 24 au 28 juin le Tarmac accueillait la pièce Rano, Rano. Une interprétation théâtrale, musicale et photographique reconstituant la vérité oubliée des évènements de 1947, à Madagascar. Pierrot Men, Tao Ravao et Raharimana ont souhaité restaurer la mémoire.

Madagascar 1947. Une révolte, une répression, des dizaines de milliers de morts et pourtant un silence. Oui, un silence pesant. Une amnésie forcée. Des souvenirs tus. Cette date mérite pourtant d’être citée. C’est pour restituer cette vérité trop longtemps oubliée que Pierrot Men, le photographe, Tao Ravao le musicien et Raharimanana l’écrivain, sont allés à la rencontre de ces révolutionnaires. Ceux qui l’ont vécu, ceux qui se sont battus et ceux qui aujourd’hui veulent que l’on reconnaisse leur passé.

Au plus près du passé
Tragiques, douloureux, immondes, inhumains, les témoignages de Rano, Rano ne sont pas fait pour ménager le spectateur. «Quand ceux d’en haut ne pouvaient plus se retenir, la merde nous coulait dessus, sur nos corps, sur nos visages, dans nos bouches ». Vivre au plus près du passé. Ressentir ce qu’ils ont pu ressenti. Comprendre. Découvrir. Ou du moins imaginer. Un calvaire, un enfer. Et pourtant, personne ne s’en soucie. Peu sont ceux qui le connaissent. Voici ce que l’on cache. Voici les évènements qu’on ne mentionne pas dans les manuels scolaires. Rano, Rano éclaire. Il nous apprend à travers des textes, des récits, des musiques, et des photos.

Rano, Rano : formule magique
Difficile alors de ne pas se rendre compte de la gravité de ce qu’il s’est passé. Les trois artistes ont su conjuguer leurs talents pour inscrire l’Histoire dans le présent. Une Histoire qui fait tâche. Il faut faire parler les derniers survivants de ce massacre. Faire revivre leur passé, pour ne pas oublier. Un devoir de mémoire. Il faut entendre leur voix, jusqu’ici silencieuses : Rano, Rano. Deux mots, une voix, une formule pour faire renaitre ce passé. Cela s’est passé à Madagascar, mais c’est aussi l’Histoire de France.

Audrey Bouts


BIOGRAPHIE
Raharimanana, né en 1967 à Antananarivo, est de ces écrivains hantés par la mémoire. Pour avoir vécu dans un pays traversé par la violence et la pauvreté, s’être exilé en France avant de retourner en 2002 à Madagascar où son père est arrêté et torturé par le nouveau pouvoir, Raharimanana ne peut qu’être marqué à vif par une géographie magique/maléfique, l’histoire et la mythologie malgaches, l’histoire et la tradition familiales. D’où des pièces de théâtre, des contes musicaux et des récits, qui font écho à la mémoire d’un peuple comme à sa littérature orale, d’où la direction d’ouvrages engagés, d’où une écriture incantatoire et onirique nourrie d’apologues.

Sources : libr-critique (Fabrice Thumerel)

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