Massa Makan Diabaté
Le 13 mai dernier avait lieu la première représentation de « Kouta ». Cette pièce, adaptée d’un roman de Massa Makan Diabaté, Le lieutenant de Kouta, retrace le parcours d’un lieutenant revenant dans sa ville natale après la guerre coloniale. Cette chronique de la vie quotidienne prend vie sur les planches du Théâtre du Tarmac, dans le 20ème arrondissement de Paris.
Créée à Lausanne en avril dernier, cette pièce raconte l’histoire de Siriman Keita, un lieutenant de l’armée coloniale. Lors de son retour dans sa ville natale de Kouta, il est adulé par les habitants. Lui qui raconte ses aventures d’homme de guerre, jamais de la même façon, va petit à petit être mis en doute par la population. Le décor est très sobre. Seul un siège est placé au milieu de la scène pour marquer les changements de lieux. La lumière est très souvent faible laissant deviner un crépuscule sur les grandes plaines du Mali. Les quelques acteurs assis sur deux bancs dans les coins arrières de la scène permettent au texte de prendre toute l’ampleur de la représentation. Des proverbes sages, parfois drôles, emportent le spectateur dans cette petite ville malienne qu’ils ne quitteront plus. Le petit interlude musical fait de kora (instrument d’Afrique de l’ouest) invite au voyage. L’accent poussé sur la culture malienne capte l’attention et ne la relâche qu’une fois le rideau baissé.
Les nombreuses répétitions de la troupe d’Hassane Kassi Kouyaté s’est principalement fait au Burkina Faso comme pour aller puiser les rôles du sol de l’Afrique Centrale. Retrouver ses racines pour que le jeu des acteurs soit le plus représentatif possible, voilà ce que devait faire transparaître la mise en scène.
L’utilisation d’un seul des trois romans de Massa Makan Diabaté paraît logique pour le metteur en scène. Sur demande des deux anciens directeurs du théâtre de Lausanne, qui souhaitaient voir des acteurs africains, il décide de reprendre une période de l’Histoire africaine, qu’il connaissait et qu’il avait étudié au collège, mais également « une œuvre qui correspond à mes préoccupations d’aujourd’hui » comme il l’explique.
« Un moyen de parler de ces gens-là »
Pour lui, c’était aussi un moyen de parler des populations africaines qui ont combattu pour la France. « On parle un peu des problèmes de pension, mais ils ont surtout connus des problèmes d’intégration dans la société » déclare-t-il avant d’expliquer que ces personnes sont devenus des « hybrides », de part la découverte de plusieurs cultures, de traditions, tout comme par les choix religieux.
Toutes ces conditions l’ont amené à se pencher sur la mise en scène, lui qui est également musicien, danseur et acteur. Il voulait parler de ses préoccupations, et les partager avec un maximum de personnes. Et lorsqu’on parle de théâtre africain, lui de se défendre : « Il n’y a pas de théâtre africain mais seulement des Africains qui font du théâtre. Il y a une nuance pour moi. Il deviendrait péjoratif de dire le théâtre africain. On fait du théâtre à partir de nos valeurs et à partir de nos réalités culturelles, historiques. »
Ce « raconteur d’histoires », comme se décrit Hassane Kassi Kouyaté, a donc apporté dans cette pièce la vie malienne, son histoire à travers les proverbes, la satire et en fait un extrait de sa culture. Une pièce à l’affiche jusqu’au 23 mai prochain pour remonter le temps, et partir en voyage, ne serait-ce que pour une heure et demie.